« L’intelligence artificielle nous permet un rééquilibrage vers les dimensions sociale et émotionnelle au cœur de notre identité humaine »


De la même façon que les énergies fossiles, en leur temps, ont réduit drastiquement le coût de la force physique, « le coût de l’intelligence va se rapprocher de zéro », a récemment prédit Sam Altman, créateur de ChatGPT. Pour comprendre les bouleversements à venir dans le monde du travail et adapter notre modèle d’enseignement, il faut se replonger dans les transformations de la révolution industrielle, qui a chamboulé la hiérarchie des compétences humaines. L’intelligence artificielle (IA) va chambouler de même la hiérarchie des différentes dimensions de l’intelligence humaine : rationnelle, sociale, émotionnelle, pratique et technologique. Nous distinguons quatre grandes catégories de transformations dans le rapport homme-machine.

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La première d’entre elles pourrait s’appeler « l’homme contre la machine ». Avec la révolution industrielle, des millions d’emplois physiques – en concurrence directe avec les machines – ont été supprimés. Il risque d’en aller de même avec l’« intelligence cognitive » ou rationnelle. De nombreuses études désignent des professions à risque : comptabilité, soutien administratif et juridique, programmation… Néanmoins, le contrôle des résultats de l’intelligence artificielle par des hommes et des femmes de l’art restera fondamental.

Les universités doivent donc relever leur niveau d’exigence en investissant en particulier sur l’esprit critique et la capacité d’« apprendre à apprendre ». Il s’agira d’appréhender les situations et les concepts plus en profondeur, de détecter les contradictions et d’établir des relations entre les concepts afin d’évaluer les connaissances générées par les machines. Pour cela, il faut développer une approche plus socratique, incitant les étudiants à toujours chercher plus loin. Les amphithéâtres et les salles de classe de trente, voire cinquante étudiants ne sont plus le bon cadre. Il faut enseigner en petits groupes, débattre, mettre les étudiants au défi de trouver la faille ou la relation inexplorée bien plus que de juger de la maîtrise d’une technique déterminée.

Compétences de collaboration

La seconde catégorie serait « l’homme avec les machines ». Avec la révolution industrielle, d’innombrables emplois ont été transformés et il en ira de même avec l’IA. A l’avenir, la plupart d’entre nous travailleront avec un compagnon algorithmique. Dès lors, notre savoir-faire professionnel, notre « intelligence pratique », intégrera l’IA comme un nouvel outil, au même titre que nous avons intégré l’ordinateur personnel ou, plus récemment, le Web. Maîtriser l’IA dans son contexte professionnel sera un prérequis. Il faut donc que les établissements délimitent clairement les activités dans lesquelles les étudiants doivent travailler sans l’IA afin de conserver leur autonomie et les activités dans lesquelles, au contraire, l’utilisation de l’IA doit être encouragée, voire systématisée, pour accroître leur efficacité dans leur domaine de spécialisation.

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